VIH : quand les mots nourrissent la stigmatisation
«VIH : des bombes ambulantes» est le titre d’un article publié dans Le Devoir en mars 2007. Un titre qui a fortement fait réagir le milieu VIH. Et avec raison. L’expression a été utilisée pour désigner les personnes nouvellement infectées par le VIH, qui représentent un potentiel très élevé de transmission. L’utilisation de cette expression devait sans doute permettre de rendre une image forte du concept. Sans oublier les impératifs médiatiques qui obligent l’emploi de termes sensationnalistes afin de susciter l’intérêt des gens.
Cependant, l’image véhiculée à travers cette expression envoie un tout autre message, soit celui que les personnes vivant avec le VIH sont des dangers publics, des personnes à craindre voire à éviter. Plus spécifiquement, l’utilisation du mot «bombe» instrumentalise les personnes séropositives, projetant l’image qu’elles sont des objets animés par la volonté de tuer ou blesser le plus de monde possible*.
L’utilisation de cette expression ne fait que nourrir la stigmatisation des personnes vivant avec le VIH. Lorsqu’il est question de sujets pouvant entrainer la discrimination et la stigmatisation d’un groupe d’individus, tout professionnel de la rédaction devrait impérativement être sensible aux mots qui blessent, qui isolent, qui excluent. « Words matter » comme le dit si bien The Gazette.
Et pour vous, quels sont des mots qui stigmatisent ?
*Il est important de remettre les pendules à l’heure. Les personnes vivant avec le VIH, dès l’annonce du diagnostic, se sentent très concernées par la prévention et vont rapidement mettre en place des mesures afin d’éviter de transmettre le VIH à leur partenaire. Plusieurs études l’ont démontré, dont celle réalisée par le Center of Disease Control and Prevention des États-Unis et publiée dans le Journal of Acquired Immune Deficiency Syndromes.
René Légaré
COCQ-SIDA
Photo : http://talent.paperblog.fr/3894346/des-cris-et-des-mots-qui-blessent/
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