Le défi d’Édith, épisode 3 : le gym !
Salut à vous ! Ce mois-ci j’ai triché, eh oui. Je suis encore retournée à l’université (UQAM) mais cette fois-ci, au gym. Je sais, j’ai déjà parlé de l’UQAM, mais je dois vous dire que de faire un défi dans une classe avec des étudiantes connues et d’aller au gym, sont deux choses complètement différentes, même si on est sous le même toit. Je vous avertis, je ne serai sans doute pas « politically correct » : je vais dire ce que je pense (ce que je ne peux jamais faire d’habitude).
La clientèle du gym est très différente des étudiantes dont je vous ai déjà parlé. On y retrouve des étudiants, masculins en majorité, étudiant dans des domaines variés. Ce sont donc des hommes qui fréquentent les gyms et qui je crois, n’étudient ou ne travaillent pas en intervention ou en sciences sociales. Comment puis-je dire cela ? Je peux en déduire par le non verbal, les échanges entre eux, les bribes de conversation entendues. (Je suis en plein jugement ici !!). Qui dit cela dit aussi que ces personnes ne sont pas habituées aux différences.
ATTENTION LÀ ! [Je fais une petite pause dans ma chronique pour m’expliquer : je ne dis pas que ces étudiants ne connaissent pas les différences et ne les acceptent pas, ce que je dis est qu’à première vue, ils ne sont pas dans la catégorie des gens habitués à côtoyer/interagir avec des personnes différentes et surtout dans un domaine comme le VIH.]
Je suis donc arrivée fraîchement parée de mon t-shirt « je suis séropo » et me suis entrainée. J’ai donc forcé, couru, soulevé des poids et surtout j’ai regardé les réactions des autres. Ces étudiants masculins en majorité, ne m’ont pas parlé, du tout, rien de rien. Pas une seule âme masculine n’est venue me voir et me questionner … du moins en parole ! Mais leurs regards, j’en ai vu plus d’un ! Regards de peur, regards de curiosité, regards de surprise, regards de méconnaissance, regards de doute, regards de honte (ah oui !), regards de dédain (oh que oui !!), regards incrédules. J’ai trouvé très parlant ce silence, mais ces regards étaient encore plus éloquents. Oh! combien je ne suis pas surprise par cette expérience. Comment leur en vouloir ? Je sais que les femmes se font approcher maladroitement dans les gyms et que la majorité des hommes présents savent que les femmes ne veulent pas être abordées lorsqu’elles s’entraînent. Et que dire de leur âge, ils avaient moins de 25 ans en majorité et je suis plus âgée qu’eux (ben oui !). De plus, ces hommes, comme je l’ai spécifié plus tôt, ne doivent pas étudier ou travailler en sciences sociales. Alors si je mets dans la balance tous ces éléments, on peut comprendre l’absence de contact verbal !
La seule et unique âme qui m’ait approchée est une jeune femme, et ce, dans le vestiaire des femmes, lorsqu’il n’y avait personne d’autre. Elle m’a demandé à quoi servait ce chandail et si j’étais en intervention. Je lui ai demandé qui elle était : BINGO ! Exactement ce que je pensais, une étudiante et travail social ! Je lui ai donc expliqué que je faisais un défi par mois pendant un an et lui ai parlé de la COCQ-SIDA. Elle m’a demandé si quelqu’un était venu me parler, je lui ai répondu que non, à part elle, personne. Elle non plus n’était pas surprise. Cependant elle a ajouté qu’elle non plus, elle n’avait pas le courage de m’aborder dans le gym … BAM ! Voilà que ma théorie de genre prend le bord ! Elle m’a dit que de s’afficher comme personne séropositive semblait vraiment difficile et que de parler de VIH comme ça, entre deux séries de set up et du jogging, lui semblait malaisant.
Je reconnais qu’elle a raison, ce n’est pas un sujet banal. Parler du VIH est difficile, et ce, tout le temps ! Vivre avec le VIH est aussi difficile, et ce, tout le temps. Pas nécessairement à cause des médicaments et des rendez-vous médicaux, mais à cause des regards … Les regards sont très différents, ils sont moins compatissants, moins doux. C’est de vivre avec un stigma sur le cœur, dans la tête, comme un t-shirt qui annonce notre statut sérologique. Être séropositif n’est pas une maladie, mais un état, de santé. Point. Les gens qui ont le cancer ne vivent pas cela, pourquoi ? Nous entrons dans un sujet tabou … le stigma … celui d’avoir couru après, d’avoir contracté ce virus par nos propres comportements … et non pas de l’avoir développé sans rien faire. Un homme de Maison plein coeur m’a déjà dit que de vivre avec le VIH était vivre avec « un cancer peu honorable ». En effet, lorsqu’il est question de VIH, les gens se demandent comment tu l’as contracté et non pas comment tu peux vivre avec. Comment sortir de ces silences et de ce stigma ? Bonne question ! Je crois qu’en en parlant, c’est déjà un bon début non ? Allez, on continue ! Parlons-en ! À dans 1 mois !
Édith Gauthier
Étudiante et candidate à la maîtrise en sexologie profil intervention-recherche (UQAM)
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